Dans l’agitation de Westlands, parmi les klaxons des bus et la cohue des voitures, on trouve la paisible salle de lecture et le bureau de C&. La collection de livres comprend des ouvrages sur l’art contemporain et les pratiques curatoriales, des références sur les artistes du Kenya de différentes générations des livrets d’expositions récentes tenues à Nairobi, des ouvrages de théorie critique et quelques livres de fiction et de poésie. Rose Jepkorir, coordinatrice du projet de C&, décrit l’espace comme une salle de lecture. Lire, voilà ce que les quelques chaises noires nous encouragent à faire, étant donné que le prêt de livres est une procédure délicate qui repose sur la confiance.

L’intimité propre à l’espace favorise une écoute attentive des autres. Des liens rapides et silencieux peuvent se nouer au fil des conversations curieuses et des impressions passagères. Ce n’est pas que peu de gens connaissent la bibliothèque, mais qu’une poignée de personnes habituées la fréquentent pour lire, écrire et converser. Leur présence fait naître un doux sentiment d’appartenance à une communauté. Même celles que l’on voit fréquemment n’ont pas encore eu l’occasion d’interagir avec tous les livres de la bibliothèque. Elles ont le luxe d’apprendre à connaître chaque ouvrage au fil du temps et des différentes saisons de leur vie.

Best is Man’s Breath Quality by Sara Magenheimer (2017)

Je ne sais pas si ce livre est d’abord un film expérimental qui a été converti en version papier comme partie intégrante de son expérimentation. S’il s’agit d’un film, ses personnages sont identifiés par la typographie et les pages colorées. L’un d’entre eux est une méduse chargée de nous transmettre sa sagesse. Les images floues ressemblent à des captures d’écran tirées de vidéos amateurs, qu’une narration en italique décrit par la suite. La manière la plus enrichissante de parcourir ce livre est d’identifier ses motifs et de les suivre.

the africanist aesthetic in global hip-hop by Halifu Osumare (2007)

Une étude approfondie du processus de mondialisation du hip-hop. Osumare retrace son histoire depuis ses origines africaines jusqu’à des pays moins connus pour leur rôle dans ce genre et cette esthétique. Sa plongée dans la création capitaliste du corps noir au sein du hip-hop répond aux curiosités liées à l’esthétique visuelle du rap. Un livre passionnant que les beatmakers et les artistes du rap devraient lire.

Vitu Vya Sanaa by Adam Yawe (2021)

Ce travail de création renouvelle l’imaginaire autour des haut-parleurs de matatu et nourrit le mythe. L’objet quotidien kenyan est revu et revisité à travers un regard artistique. Adam Yawe conçoit des images à partir de plusieurs modèles de haut-parleurs. Leur caractère unique témoigne de la manière dont il est fixé à l’intérieur d’un matatu. Son intérêt pour le microcosme nous offre une façon rafraîchissante de percevoir l’ordinaire.

Just a Band by Contact Zones NRB (2016)

Une trace des évolutions de Just a Band depuis sa création en 2008 jusqu’en 2015. Un jour, ce livre pourrait devenir un manuel scolaire d’art – dans le cadre de cet examen, les étudiant·es devraient répondre à la question de savoir comment l’internet a contribué au succès de Just a Band. Une lecture idéale pour accompagner la nouvelle création musicale du groupe.

good woman: poems and a memoir 1969-1980 by Lucille Clifton

Dans ce recueil, la poésie est une archive. Lucille Clifton évoque ses ancêtres en se remémorant son passé et trouve un doux réconfort dans la prairie bienfaisante qu’elle a su trouver en son cœur. Sur son herbe, elle trouve sa famille, sa foi, sa lumière, sa grâce et ses mots.

V for 5 est une autrice et une artiste sonore de Nairobi. Son travail est ancré dans la notion d’écologie. Elle imagine des mondes dans lesquels les humains n’ont jamais quitté la forêt.