Dans l’interview ci-dessous, l’artiste multimédia Nástio Mosquito nous parle de sa pratique performative et de ses projets musicaux. L’une de ses collaborations les plus récentes se nomme Nastivicious fusionnant la musique, la sphère numérique et la performance.

C&: Parlez-nous un peu de votre parcours artistique. Comment a-t-il en fait commencé ?

Nástio Mosquito : Spirituellement et physiquement parlant,  j’estime véritablement que le fait de débarquer sur la planète terre et de devoir respirer tout seul est un moment crucial, le début du parcours dans l’art de vivre. mais pour répondre sérieusement à votre question, mon travail n’aurait aucun écho international s’il n’y avait eu la Triennale de Luanda.

C&: Vous résidez à Luanda et en même temps, vous vous déplacez et travaillez dans divers endroits dans le monde entier. Avec ces expériences en tête, quel regard portez-vous sur la scène artistique angolaise – en termes régionaux et internationaux?

NM : Je ne suis pas un bon interlocuteur pour ce genre de témoignage et d’observations. Je suis très heureux de ne pas être le seul Angolais à travailler dans ce domaine. En fait, il y en a plus que je ne croyais.

C& : Vous avez également un arrière-plan théâtral. Comment êtes-vous passé de cette scène à la performance?

NM : J’étais trop indiscipliné pour être acteur, trop impatient pour être musicien et trop en colère pour faire autre chose…Je ne savais pas que la performance existait en tant que telle. Je suis très reconnaissant de pouvoir faire ce que je fais sans avoir à inventer moi-même un nom pour le désigner.

Nástio Mosquito, ’3 Continents’, 2010 © Nástio Mosquito

C& : Vous êtes le seul/le principal protagoniste dans vos performances  : trouvez-vous l’inspiration dans votre vie personnelle et si c’est le cas, dans quelle mesure  ?

NM : En partie, mais l’essentiel de mon travail est un assemblage de mensonges très honnêtes et sincères  ! Je crois fermement que les mots et l’imagination matérialisée ont le pouvoir de remplacer la réalité. D’une certaine façon, c’est la base même de la réalité. Je supprime toutes les conneries dans ce qui est effectivement personnel et je fais de mon mieux ajouter, dans les limites que me pose mon souci des autres, les mensonges les plus gros et crédibles à la fois que je puisse trouver.

C& : Dans votre travail, vous remettez en question la pensée et les canons occidentaux en matière d’Art, d’Afrique, d’Occident….Comment circulez-vous et utilisez-vous votre pratique artistique dans les contextes occidentaux et globaux  ?

NM : Ce n’est pas ce que je fais. Cela ne m’intéresse aucunement de nier ou d’affirmer en quoi consiste mon travail et ma motivation  ; pas sous forme de déclaration d’intention publique. On dit que l’histoire appartient aux vainqueurs  ; et même alors, la vérité est bien limitée. Qui s’en soucie d’ailleurs. Nous voulons simplement vivre mieux.  C’est mon engagement majeur, envers moi-même et la communauté des êtres humains.

C& : Quel est le rôle de la musique dans votre travail?

NM  : Énorme  ! C’est l’un de mes plus outils les plus importants  : le rythme, la pulsion, l’équilibre et le contraste, parfois la mélodie et l’harmonie. Je travaille la plupart du temps avec des mots. La musique est ma porte d’entrée vers quelque chose de plus grand, de mieux, un peu plus encore…

C& : À vos yeux, la musique en tant que telle est-elle plus accessible à tous que toute autre forme d’art  ?

NM : Non, il y a toutes sortes de gens dans le monde, qui sont touchés par toute sorte de choses. Des choses spirituelles, physiques, émotionnelles. Mais bon, si vous voulez dire accessible structurellement, on pourrait dire que la musique est l’un des genres qui pénètre le plus directement.

C&  : Quel genre de musique vous inspire-t-elle le plus  ?

NM : L’inspiration est une muse lunatique, inattendue, une garce. Je ne suis pas certain d’être inspiré par une musique particulière. Je sais seulement que l’un des pouvoirs de la musique et sa capacité à alimenter tous les moments possibles et imaginables, y compris ceux de l’inspiration.

C&  : Quels sont vos prochains projets  ?

NM : Une nouvelle performance menée par la musique. J’avais des chansons en moi qui se bousculaient pour sortir. Je suis dans un certain état d’excitation essentiellement parce que je sais ce que je veux et que je n’ai aucune idée de la manière dont je vais m’y prendre pour y arriver. Un autre projet qui m’électrise s’appelle Nastivicious, un projet à long terme avec Vic Pereiró  ; nous voulons commencer à présenter les choses aux spectateurs sur une base solide en 2015. Nous travaillons dur en ce moment. Et puis encore plus de choses du même ordre, en mieux  : plus de vidéos, plus de textes et plus de scène.

C&  :  De jeunes artistes angolais extrêmement prometteurs que vous aimeriez citer ici  ?

NM : Absolument ! Mehak Vieira.

Nástio Mosquito set préselectionné aux deux prix respectifs the Future Generation Art Prize 2014  et the Absolut Art Award 2015.

Nástio Mosquito, DAILY LOVEMAKING, Ikon Gallery, Birmingham/Grande-Bretagne – 4 Février – 19 Avril 2015

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Propos recueillis par Aïcha Diallo