Inspiré par l'écrivain Emmanuel Dongala, Le Feu des origines se déroulera jusqu'au 4 nov à Ouagadougou, célébrant l'artisanat et l'art contemporains.
Fondée en 2018 par le photographe Nyaba Léon Ouédraogo et le marchand Christophe Person, la Biennale BISO a ouvert ses portes au siège du FESPACO jusqu’au 4 novembre. Cette exposition est précédée de résidences de création de plusieurs semaines au cœur de la capitale burkinabè. Retrouvez quelques belles impressions ici.
La commissaire d’exposition Louise Thurin détaille le thème de cette édition, centrée sur les questions d’africanité, d’afrodescendance, d’Atlantique noir et de Sud global : “Épopée classique relatant la transmutation d’un territoire et d’un peuple africain par la colonisation européenne, Le Feu des origines est le second roman de l’auteur congolais Emmanuel Dongala. Il a reçu à sa sortie en 1987 le Grand Prix littéraire d’Afrique Noire. Son personnage principal est Mandala Mankunku, “forgeron, fils de forgeron” et “maître sculpteur : en bois, en bronze, en pierre” – un héros qui résistera ardemment par son art au pouvoir colonial. Il a étonnamment les yeux verts – des “yeux glauques, vert-de-palme, phosphorescents”, “des yeux verts de fauve nyctalope” – les mêmes que son ancêtre, Mankunku le Destructeur, dont il porte le nom.
A travers le regard animé d’un feu follet de cuivre de son protagoniste, Emmanuel Dongala se fait le chimiste et l’observateur d’un nouveau paradigme intellectuel et spirituel africain, synthèse d’une sapience holistique propre à l’Afrique augmentée de la somme des connaissances globalisées. On retrouve cet alliage dans les arts, où les techniques artisanales ancestrales – la sculpture, le perlage, la ferronnerie, le textile, la céramique, la peinture – se trouvent perpétuées avec leurs évolutions techniques dans le monde contemporain par des artistes du Continent, de ses diasporas et d’ailleurs.
Ce feu animiste matriciel attisé par l’ouvrage évoque la relation passionnelle que chacun peut entretenir avec ses géographies intimes – et il fait écho de façon connexe au caractère éruptif et dévorant des origines en contexte afro-descendant. On le retrouve ainsi dans l’Œuvre du poète et romancier guadeloupéen Daniel Maximin qui y développe un Volcanisme, une ôde au magma en fusion des individualités créolisées (Soufrières (1987), L’isolé soleil (1989), L’invention des désirades (2000)…), dans le verbe enflammé de l’haïtien James Noël, rendant compte d’une poésie et d’une île “en état de pyromanie” (Le pyromane adolescent (2013), Des poings chauffés à blanc (2010), Le sang visible du vitrier (2009)…) et enfin, chez l’Afro-américian James Baldwin, au creuset du brasier identitaire états-unien dans La prochaine fois, le feu (1963).
La sculpture est – nous le croyons – le feu originel et régénérateur de l’art en Afrique. Le choix de ce livre comme titre et thème de cette édition 2023 de la Biennale internationale de sculpture de Ouagadougou (BISO) est un hommage à la tradition métallurgique burkinabè, au feu du four et de la forge. Que le Feu des origines puisse continuer de brûler à travers l’art, à travers nous.”
Les artistes participant.e.s à l’édition 2023 de BISO
Rachel Marsil (France/Senegal), Boukaré Bonkoungou (Burkina Faso), Steeve Bauras (Martinique, France), Demba Camara (Côte d’Ivoire), Mélinda Fourn-Houngbo (France/Benin), Koffi Mens (Togo / Burkina Faso), Aline Poco (France/Burkina Faso), Hamidou Koumaré (Mali), Louisa Marajo (Martinique, France), Sadikou Oukpedjo (Togo/Côte d’Ivoire), Samuel Nnorom (Nigeria), Evans Mbugua (Kenya/France), Shaka (RDCongo), Hervé Youmbi (Cameroun), Aïcha Snoussi (Tunisia), Mohamed Keïta (Mali), Abou Traoré (Burkina Faso), Hyacinthe Ouattara (Burkina Faso), Sébastien Boko (Bénin).
Le jury de BISO 2021 et 2023
Abdoulaye Konaté (Mali), Barthélémy Toguo (Cameroun), Jean Servais Somian (Côte d’Ivoire), Ky Siriki (Burkina Faso), Illa Donwahi (Côte d’Ivoire), Gauz (Côte d’Ivoire) et Hamady Bocoum (Sénégal).
Les Prix
Grand Prix BISO 2023 X Fondation Donwahi : Sadikou Oukpedjo (Togo / Côte d’Ivoire)
Prix Galerie Vallois : Koffi Mens (Togo / Burkina Faso) & Mélinda Fourn (Bénin / France)
Prix Jean-Claude Gandur: Demba Camara (Côte d’Ivoire)
Prix Galerie Christophe Person : Rachel Marsil (France / Sénégal) & Hamidou Koumaré (Mali)
Siège du FESPACO – Cinéma en plein air
Avenue Kadiogo
Ouagadougou, Burkina Faso
Entrée gratuite
INSTALLATION VIEWS
Hand printed by the artist at the Rijksakademie in Amsterdam, the work depicts typical dutch clouds, plants and a dreamscape with mystical messengers.
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