Performance art within the art gallery space in in Kenya.
J’ai rencontré Ato Malinda pour la première fois en 2009, lors d’une des premières performances d’artistes dans l’espace d’une galerie d’art au Kenya. Elle venait tout juste d’arriver au Kenya, quittant les Etats-Unis où elle avait étudié l’histoire de l’art. Notre rencontre à Nairobi n’était pas fortuite, puisqu’à l’époque je quittais le Royaume Uni pour poursuivre des études universitaires sur l’histoire de l’art contemporain kenyan et avais rejoint le Kenya pour participer à cette histoire. Je me rappelle avoir observé avec amusement sa performance « Looking at Art; Looking at Africa; Looking at Art » (« Examiner l’art, examiner l’Afrique, examiner l’art »), alors qu’elle arpentait avec animation la galerie du Goethe Institut de Nairobi en 2009 (cf. photo 1). La performance était renforcée par sa robe à carreaux ornée de motifs variés représentant un masque africain, une calebasse et un dessin inspiré de l’art rupestre d’Afrique de l’Est. Ces éléments étaient également peints sur son corps, assurant ainsi la continuité de l’œuvre. À ce moment, je n’aurais pu décrire la performance que par ses caractéristiques formelles, alors que j’attendais le moment, qui ne vint jamais, où la performance électrifierait et s’emparerait de la galerie par son aura. Nous étions au contraire prisonniers d’une séquence animée répétant des mouvements circulaires entre un monticule de terre rouge, quelques briques et des brindilles. Je n’étais pas le seul, parmi les artistes kenyans, à être secoué par cette forme globale d’art contemporain. Nous pouvions peut-être paraître ignorants devant le choc éprouvé devant cette performance contemporaine, mais nous espérions être invités dans ce récit et créer son produit final, plutôt que d’anticiper son discours et sa théorie. Nous voulions prendre part à la performance, participer à son histoire.
Mais qu’est-ce que l’histoire d’Ato Malinda nous enseigne ? Je suis désormais décidé à envisager l’essence de la performativité comme une forme d’art, telle qu’on peut la rencontrer dans une galerie, par opposition à la forme existant dans la société. Je crois que ces deux contextes partagent en réalité une caractéristique commune dans leur capacité à inspirer le public de manière générale, à titiller son imagination et à encourager de vieux artistes comme George Bertiers, Richards Onyango et beaucoup d’autres, à deviner la pratique artistique à l’intérieur même d’une performance – qu’elle s’exprime dans la société ou entre les murs d’une galerie.
Donald Kuira Maingi est en dernière année de doctorat d’histoire de l’art au Birkbeck College de l’université de Londres. D’origine kenyane, cet éducateur en art, artiste contemporain et historien s’intéresse à l’histoire politique du Kenya et à sa relation avec l’art contemporain.
Traduit de l’anglais par Mélanie Chanat.
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